L'ARBRE
Arbre cerné
par le décor
je ne pousse qu'en mes racines
là où le vent n'a pas de prise
où le silence existe encore
J'étends en couches souterraines
mes longues plaies, mes longues peines
j'y puise mes forces et ma sève
je renais toujours de mes rêves
Au-dessus c'est
l'autre univers
et j'ai des branches qui s'y perdent
à vouloir allonger mon ombre
à vouloir abriter des nids
Mais je me méfie des oiseaux
que les saisons chassent et rappellent
Toujours debout près de mes eaux
j'y regarde tomber mes feuilles
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Parfois la foudre
qui me frappe
me laisse longue déchirure
et dessous l'écorce je garde
cette douleur qui me rassure
Et je cache sous la rosée
les larmes qui montent parfois
de quelques blessures cachées
de quelqu'entaille sur mon bois
Parfois c'est l'hiver
qui me hante
avec ses brumes et ses vents
et la solitude me tente
elle que je fuis trop souvent
Et lorsque le soleil décline
je sens sur mon tronc qui s'endort
l'ombre des ajoncs qui s'étire
froide et glacée comme la mort.
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