MA COMPAGNE QUI PEINT
Elle est sur mes rochers la nacre qui s’irise
aux mouvements du jour, quand l’horizon attise
le rouge du désir et que la nuit revient
doucement, prometteuse d’étreintes en son écrin
Ma compagne qui peint
Elle est source profonde avec ses résurgences
enrichie de la terre, du passage au silence,
limpide comme un gave aux reflets cristallins,
mouvante comme une algue sur le fond sous-marin,
Ma compagne qui peint
Elle a dans le regard les ocres de l’automne
quand luminant ses yeux une larme s’étonne
d’une beauté surprise au détour du chemin
ou du geste muet que l’émotion retient,
Ma compagne qui peint
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Elle a de ces froideurs comme statue de marbre,
ces frimas congelés sur les branches des arbres,
quand les vents de l’hiver traversent ses déserts
et que dans ses couleurs la musique se perd,
Ma compagne qui peint
Elle a le rire soudain comme un éclat de vivre,
comme le bruit des vagues aux coques des navires
rythme la traversée sereine des matins,
elle rit et ce sont des fleurs en mes jardins,
Ma compagne qui peint
Elle est parfois féline en ses tendresses chattes
avec des feulements de fauves qui s’ébattent
et moi, perdu, troublé, intime à ses caresses,
je l’appellerais bien “ma femme “ et “ma maîtresse”,
Ma compagne qui peint
De son ventre ont germé les enfants de son art,
des princes de lumière et des princesses noires,
et cette fille là que l’on ne fera pas
parce que l’exigence est toujours un départ
Ma compagne qui peint
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