ÊTRE CETTE OMBRE

Être cette ombre qui s'étire
sur la terrasse où vous dormez
Être ce souffle qui soupire
sur votre nuque quand vous rêvez
N'être rien qu'un effleurement
une soie légère, un satin
qui vous caresse doucement
Être la rosée du matin

C'est une envie d'inexistence
quand trop long se fait le chemin
C'est un refus de la violence
qui fait la peur au quotidien

Regardez comme ils se ressemblent
tous ces marchands de faux discours
Il faut donner ce qu'on demande
L'indécence à l'ordre du jour

Van Gogh se vend trente trois milliards
Van Gogh est mort mais quelque part
il pleure c'est sûr de désespoir
de voir se pourrir le regard

 

Une princesse se trémousse
sur des banalités dorées
pendant que des poètes poussent
le cri qui va les enchaîner

L'indifférence est dans la rue
comme moutons à l'abattoir
le premier qui crie on le tue
Les bergers veulent le pouvoir

J'ai en moi des chiens qui s'énervent
qui tournent en rond dans ma cour
quand mon enfant sort de son rêve
effrayé du cri des vautours

Je fais de l'engrais de leur fiente
Je mets la tendresse à mes mots
Le monde brûle et moi je chante
Et j'ai jeté tous mes couteaux

Être cette ombre...